Quand la Belgique a été envahie par les Allemands, dès 1914, les habitants se sont enfuis. Comme ailleurs en France, la région de Montreuil-sur-Mer a vu arriver ces réfugiés en grand nombre. Dans un premier temps, l’accueil fut chaleureux. Au bout de quatre ans, toutes ces nouvelles bouches à nourrir étaient parfois moins bienvenues et les gentils Belges devenaient à l’occasion « les Boches du nord »… Toujours est-il que cette population fatiguée, épuisée, parfois blessée devait être soignée. Pour elle, un hôpital a été créé.
Pour envahir la France, les Allemands devaient passer par la Belgique et violer sa neutralité. Ils déclarèrent donc la guerre à nos voisins le 3 août 1914. Très vite presque tout le pays a été occupé. Le Roi Albert, au front avec ses soldats, avait une image particulièrement favorable dans l’opinion publique française. Du reste, il a été décoré de la médaille militaire et une journée du « Drapeau belge » avec vente d’insignes au profit des réfugiés a été créée.
L’engouement du public a même conduit à débaptiser un dessert d’origine autrichienne pour le transformer en « café liégeois » ! Le ministère belge de la Guerre s’est installé à Dunkerque et l’armée a mis en place des hôpitaux militaires à Calais, en Normandie, en Bretagne. Parallèlement, l’afflux de personnes réfugiées a obligé la création d’hôpitaux civils. Celui de la Charteuse Notre-Dame des Prés à Neuville-sous-Montreuil, de 1915 à avril 1919, était « mis sous le haut patronage de sa Majesté la reine et de son excellence le ministre de l’Intérieur belge ». Yann Hodicq, passionné de Première Guerre mondiale et auteur de « Montreuil-sur-Mer :
1914-1918 » explique que « l’établissement comptait 700 lits, que le personnel médical venu de Belgique était composé de religieuses, d’un aumônier et de deux ou trois médecins. » Dire le nombre de personnes accueillies là est impossible mais, explique Y. Hodicq, « on peut supposer que le nombre est très élevé si l’on observe seulement celui des personnes qui y sont décédées. 610 sont enregistrées en mairie de Neuville… » Sans compter qu’il a fallu, à un moment, recevoir aussi des militaires. À une certaine époque les décès étaient si nombreux qu’il fallait même inhumer deux corps à la fois. Pour répondre au débarquement toujours croissant de blessés qui arrivaient inopinément à la gare de Montreuil, l’hôpital a dû régulièrement évacuer ses patients les plus valides vers d’autres villes, pour libérer des lits.