DELVILLE Wood, Butte de Warlencourt. La mort au coin du bois, le sang de milliers de soldats abreuvant les sillons des champs de la Somme, de l’Artois. Une catastrophe pour la 1ère brigade d’infanterie sud-africaine.
Après avoir participé à des opérations militaires en Égypte et en Libye, ces troupes sud-africaines débarquent à Marseille le 20 avril 1916 et montent vers le nord et ses tranchées. Rude acclimatation dans les Flandres. Le 2 juillet, la brigade entre de plein fouet dans la bataille de la Somme. 537 hommes trouvent la mort durant la première semaine de combat. Et ce n’est qu’un début, la furie guerrière continue.
Le 15 juillet, les Sud-Africains (121 officiers et 3 032 hommes) reçoivent la mission de prendre le bois et de tenir à tout prix. Les Allemands sont beaucoup plus nombreux, c’est une boucherie. Une semaine plus tard, la brigade ne compte plus que 780 hommes valides ; 763 ont été tués, 1 709 blessés.
La guerre ne sait pas retenir les leçons. Le 12 octobre 1916, la brigade sud-africaine est à nouveau dépecée à la Butte de Warlencourt avec ses cinquante pieds d’altitude. Les pertes sont élevées. Pas de repos en vue et dès 1917, les Sud-Africains se battent à Arras, à Ypres… « Réduite à la taille d’un bataillon » en mars 1918 lors de l’offensive allemande, la valeureuse brigade se met en évidence à Meteren en juillet.
On estime que 5 000 Sud-Africains ont été tués… Sud-Africains presque tous à la peau blanche qui nous amènent à évoquer les travailleurs noirs du SANLC, South African Native Labour Corps : 25 000 volontaires quittant Cape Town d’octobre 1916 à janvier 1918. En compagnie d’Égyptiens, de Chinois, de Fidjiens, etc., ils ont déchargé des millions de tonnes de munitions et de vivres dans les ports de Dunkerque, Calais, Boulogne-sur-Mer… En Europe, le SALNC a perdu 1 120 hommes. Et ceux qui retrouvèrent l’Afrique du Sud n’eurent pas droit à la Médaille interalliée de la Victoire ! Odieux effets de l’apartheid.